Les 19 et 20 février derniers, avec une différence d’une quinzaine d’heures entre les deux,les leaders de la course — le skipper français Armel Le Cléac’h et le navigateur britannique Alex Thomson, ont passé la ligne d’arrivée, marquant ainsi la dernière étape de la régate considérée en vérité, comme l’une des plus difficiles et des plus tendues. Pourquoi la plus difficile ? C’est ce que vous allez découvrir plus bas.
L’article ci-dessous, est basé sur la 8èmerégate, qui s’est déroulée cette année (2016-17).
Comme nous venons de le dire, la course du Vendée Globe, malgré le peu d’éditions réalisées, est considérée comme la plus prestigieuse et la plus dangereuse à la fois.Et c’est là tout sa spécificité. Nous allons tenter à présent, de vous le démontrer. Commençons par l’itinéraire de la course.
Le parcours
La distance totale que doivent obligatoirement parcourir les participants à la course, est de — 24394 miles marins. Le départ et la fin de la régate sont fixés au même lieu — la petite ville portuaire des Sables d’Olonne (région Pays de la Loire, département de la Vendée). Il est à noter, que la capacité du bassin au point de départ du port est assez petite, d’où une limitation stricte sur le nombre des participants (à savoir, 30 voiliers et le nombre de skippers correspondant).
Les navigateurs doivent impérativement après le départ,se diriger vers le sud dans la direction du cap de Bonne Espérance. Il leur faut ensuite reprendre depuis le sud la route vers l’est, entre les limites des quarantièmes rugissants etdes cinquantièmes hurlants, où lorsque l’été commence dans l’hémisphère sud, il est possible sans trop craindre les tempêtes dévastatrices, de suivre tranquillement l’itinéraire prévu à travers «les portes des glaces» dans la direction du Cap Leeuwin(Australie) et du cap Horn (Terre de feu). La seule force des vents permet un déplacement rapide dans la direction voulue. Le corridor de navigation décrit plus haut, est délimité avec précision du côté sud, afin d’éviter une éventuelle collision avec les icebergs.
Le règlement dans sa formulation et ses limites
Les participants doivent parcourir tout l’itinéraire sur leur voilier en solitaire, sans aide extérieure de la part de tierces personnes.
Il est interdit aux participants:
— de prendre d’autres personnes à bord (la sanction est la disqualification);
— de réceptionner tout matérielpar colis (héliporté ou autre);
— de recevoir toute aide sous forme d’informations,outre les bulletins météorologiques généraux (comme par exemple, les consultations sur une voie de navigation ouverteindiquées par routage, ou sur une technique de réparation de voiliers en cas d’avarie);
— accoster à quai, s’amarrer à un autre bateau, ou s’arrêter à un dock (excepté un seul cas permis, voir ci-après);
— recevoir de l’aide matérielle ou informative pour une réparation (le navigateur doit réparer les pannes par ses propres moyens);
— Passer dans la zone glaciaire en-dessous des cinquantièmes hurlants, et raccourcir ainsi le trajet.
Vous êtes impatient de savoir ce qui estalors permis. La liste n’est guère longue:
— en cas de nécessité (par exemple, pour effectuer une réparation, ou attendre la fin des vents de tempêteles plus dangereux) on peut ancrer le voilier dans la mer;
— utiliser le poste radio pour consulter un médecin;
— utilier le poste radio pour demander l’intervention des secours;
— transmettre des notes d’information (pour adresser des vœux ou des félicitations, pour communiquer son journal de bord, etc.).
Voyons à présent le petit assouplissement en question, aux règles du Vendée Globe. Comme nous l’avons indiqué plus haut, les voiliers ont interdiction de s’amarrer à quoi que ce soit, et de recevoir une aide quelconque de l’extérieur, à l’exception des dix premiers jours à compter du début de la régate. Dans ce délai précis de dix jours, le participant a la possibilité en cas de problème de revenir mouiller au port de départ ou y faire réparer son voilier, sans crainte de disqualification.
La longueur du trajet, les règles contraignantes et les conditions climatiques brutales durant la course, sontune mise à l’épreuve extrêmement rude pour les participants de la régate. Durant tout leur déplacement, les navigateurs sont obligés de puiser dans leurs ressources physiques, alors qu’il leur arrive de ne dormir que par intervalles (20-30 minutes toutes les 3-5 heures). Et l’absence d’aide pour un routage optimal et en cas d’avaries éventuelles, requière d’avoir des connaissances énormes de la voile et des voiliers, étoffées par sa propre expérience. C’est pourquoi, les critères de sélection des participants reposent sur des exigeances fort pointues. Nous y venons
Les contraintes de la sélection
Il n’est pas donné à tout un chacun de participer au Vendée Globe. Il a été établi des règles, pour poserles restrictions suivantes.
Un concurrent est réputé qualifié pour participer à la régate:
1. s’il est en parfaite santé physique et psychique (le certificat médical en attestant est délivré par un comité médical spécialement constitué);
2. s’il a déjà terminé uneautre régate transatlantique en solitaire, sur le même voiliersur lequel il participeraau Vendée Globe. Ou s’il aréussi à se qualifierdans une autre course transatlantique sur une distance de 2500 miles marins et plus, à la vitesse moyenne de 7 nœuds minimum;
3. Ou s’il a directement terminé avec succès une régate du Vendée Globe.
Il y a également des exigeances, quant aux voiliers des participants:
1. Peuvent participer à la régate, uniquement les voiliers Open 60 (voir les précisions ci-après);
2. La longueur de la coque est limitée à 59-60 pieds (17,98 -18,28 mètres);
3. La hauteur de mât ne doit pas dépasser 100 pieds (30,48 mètres);
4. Le tonnage de déplacement du bateau est limité à 6-9 tonnes;
5. La surface totale de la voilure ne doit pas dépasser 600 mètres carrés;
6. Le voilier doit obligatoirement avoir une ‘stabilité positive’ pour être capable de se redresser seul après un chavirage;
7. Le volume en eau du ballast est limité à 2 tonnes.
Voyons ces « monstres des mers », que sont pareils voiliers.
Les voiliers participants: chers et combatifs
L’Open 60 — est l’équivalent de la «Formule 1»dans le sport de la voile. Cette classe de voiliers intègre pratiquement toutes les innovations technologiques en industrie de la construction navale. La mission principale des architectes de marine était au départ de concilier une grande vitesse avec une maniabilité optimale et une automatisation maximale du voilier. Pour autant, l’Open 60 sorti d’usine n’est pas un produit fini, mais un modèle de base susceptible d’être amélioré par l’équipe participante à la régate, qui peut y apporter ses propres solutions en ingénierie de la voile. En résultat, chaque voilier est un concept unique, issu d’une équipe d’étude en ingénierie spécialisée.
Les caractéristiques techniques initiales de ces voiliers, sont les suivantes:
— une coque en fibre de carbone composite, de longueur totale 60 pieds (des voiliers d’une longueur de coque de 50 pieds —ont pu participer à la régate jusqu’en 2004), et de largeur moyenne de 5,5-6 mètres;
— la hauteur de mât se situe entre 28-30 mètres;
— la surface totale de la voilure par vent contraire est de 260-350 mètres carrés, et par vent calme — de 550-600 mètres carrés;
— le nombre de réservoirs de ballast peut aller jusqu’à 10, avec un simple système d’évacuation d’eau;
— la caractéristique principale de cette classe de voiliers, consiste en une quille inclinable jusqu’à 40 degrés.
Le confort à l’intérieur du voilier est réduit à sa plus simple expression, il n’a même pas été prévu de latrines. Et ce, dans le but d’atteindre la vitesse maximale.
Mais pour ce qui est des systèmes d’automatisation, on n’a lésiné sur rien. Même le pilotage automatique est dupliqué plusieurs fois… Chose particulièrement importante, car c’est précisément le pilotage automatique qui la plupart du temps,assure la conduite du voilier suivant la route établie par le navigateur, il serait autrementimpossible d’accomplir seul une telle expédition, dans le délai très court de la régate (en moyenne trois mois).
A chaque nouvelle course, la pensée des ingénieurs de marine apporte de nouvelles améliorations à la constuction de ces «bolides à voile». Ainsi par exemple, l’innovation de la huitième régate (2016-17) — a été le recours aux hydrofoils (ailes porteuses), capables de soulever un bateau au-dessus de l’eau. Ils permettent de gagner 4-5 nœuds en vitesse. Parmi les 29 voiliers concurrents, six étaient équipés de cette nouvelle technique.
Et cet équipement prodigieux, coûte la bagatelle de 3 millions de dollars U.S. Il n’est donc pas à la portée de tout le monde.
La classe de voiliers concernée est régie par l’International Monohull Open Classes Association (IMOCA), une association spécialisée dans les organisations de régates et de championnats de voiliers – de 60 pieds.
La victoire, est-ce : «la gloire et les honneurs» ou «le fruit l’expérience et d’un travail ardu»
Comme vous l’avez déjà remarqué, le Vendée Globe — est l’une des courses les plus difficiles à l’heure actuelle. C’est pourtant ce qui incite les navigateurs et leur équipe à tant vouloir se qualifier pour la course. Mais est-ce vraiment pour recevoir le prix?… Essayons d’y voir plus clair.
Le fonds total alloué pour l’attribution des prix s’élève en tout, à 600 milles euros. Sur ce fonds, le vainqueur ne reçoit qu’une part d’un montant de seulement 160 milles euros, et celui qui occupe la deuxième place reçoit la somme de — 100 milles euros. Les sommes attribuéesensuite, vont en diminuant. A tel point, qu’elles ne couvrent même pas la cotisation d’entrée.
Nous l’avons mentionné plus haut, le prix du voilier lui-même n’est pas bon marché, prix auquel il faut ajouter tout l’équipement technique et la modernisationconceptuelle. Sans parler de la rémunération de toute l’équipe de travail, facilement constituéede 100 personnesoù sont inclusdesigners, ingénieurs, mécaniciens, etc.
Et l’on n’a pas compté le temps consacré à la seule préparation du navigateur. Or, il est dans l’obligation d’avoir une santé de fer (pas simplement pour participer à la régate, mais pour survivre dans une mer glaciale), et de posséder une force hors du commun pour soulever jusqu’à 100 kilogrammes d’équipement nautique sur un voilier sans cesse en mouvement, ou pour se hisser chargé d’un poids en haut d’un mât de 30 mètres. Tout cela demande du temps et de l’argent, bien plus que le prix décerné habituellement, qu’on n’est pas encore sûr de gagner.
Revenonsdonc à l’analogie avec la Formule 1,nous vous disions que les dépenses dépassent au centuple ne serait-ce que le fonds total d’attribution des prix. Sachez encore que la victoire dans la course — est la victoire de toute une équipe, susceptible par la suite de recevoir de nouvelles commandes, ce qui compense largement toutes les dépenses engagées.
Tout cela pour finalement assister à unspectable passionnant, à une mise à l’épreuve de l’expérience, de la force, du courage et de la technique, sous des conditions extrêmes dans une nature si belle, mais ô combien dangereuse.
Et vous, souhaitez-vous vous mesurer àtoute la puissance de la mer, admirer les couchers de soleil enchanteurs, et sentir le vent remplir les voiles? Nous vous proposons alors, de faire appel à nos services de location de yachts sur notre site.
Si vous voulez en savoir plus sur la régate du Vendée Globe, la suite dans l’article suivant, où nous vous raconterons l’histoire de sa création.